28 octobre 2018

Les géraniums de ma voisine

Note de l’auteure :
Je vous ai déjà parlé de Dominique. Son nom d’écrivaine était Bilitis. L’histoire qui suis est partie d’un délire entre nous deux. Je publierais ma vision de l’histoire plus tard. Vous allez voir, on a perdu une grande écrivaine.

Bilitis 
Les Géraniums de ma voisine 

 Pour Romane, en toute complicité. 

 La petite goutte commença à me chatouiller. Je baissai les yeux et rentrai le menton pour l’apercevoir, juste à la naissance de mes seins, en plein milieu. Elle brillait sous le soleil caniculaire et tremblait un peu. Amusée, je guettai le moment où elle allait se transformer en une petite coulée. Je m’obligeai à demeurer parfaitement immobile pour ne pas hâter l’événement.

La goutte frémit légèrement puis, soudain, comme si elle venait de crever la minuscule poche qui la tenait enfermée, se répandit sur mon buste pour aller s’égarer  dans mon duvet.

Sous ce soleil étouffant, je transpirais abondamment. Nonchalamment étendue sur mon transat, je m’offrais un bain de soleil en ce début d’après-midi d’un mois de juillet caniculaire.

Quoique petit, mon jardin offrait suffisamment de place pour y étendre deux ou trois fauteuils et même y placer une petite table pour y faire des dînettes ou y prendre l’apéritif ou des rafraîchissements dont je faisais d’ailleurs une consommation effrénée.

J’avais mis mon petit bikini turquoise afin d’exposer un maximum de peau à l’astre bienfaisant.

Difficile de tenir plus d’une demi-heure avant de me précipiter dans la douche pour me débarrasser de toute cette transpiration et me rafraîchir.

Pas question de lézarder nue ou même en monokini ! La proximité de voisins à la discrétion douteuse m’en empêchait. J’avais d’ailleurs placé une sorte de palissade, un tantinet vétuste mais n’offrant aucune fissure, de telle sorte que mes voisins d’en face, ceux du rez-de-chaussée, n’aient pas vue sur nos allers et venues ni sur nos séances de bronzette.

Mais impossible de ne pas être aperçues des balcons situés sur les façades arrière de mes vis-à-vis.
Le deuxième étage était habité par un couple de personnes âgées et ne se montrait jamais par ces grandes chaleurs.

Au troisième, en revanche, deux étudiants assez gouailleurs ne manquaient aucune occasion de laisser plonger leurs regards, sans vergogne, vers notre jardinet où, avec Caroline, ma tendre amie, nous nous tenions aussi souvent que possible. Pour l’heure, les rideaux étaient tirés : ils étaient absents… Ouf !

Au premier étage s’avançait un joli balconnet richement fleuri et avec beaucoup de goût. Y apparaissait fréquemment une dame d’une quarantaine d’années, épanouie, l’air sensuel et bien dans sa peau. Une beauté !

Elle accordait à ses géraniums un soin tout particulier, les arrosant souvent, très souvent, un peu trop souvent m’avait-il semblé ! Avec Caroline, nous nous étions persuadées que la dame avait trouvé là un excellent prétexte à se trouver sur son balcon, comme par hasard, au moment précis où nous faisions sieste ou bronzette.

Plus amusées qu’irritées, nous avions fini par nous habituer à la présence et aux regards coulés de la dame qui semblait avoir de plus en plus de mal à dissimuler son émoi. À l’évidence, notre situation la troublait. Nous demeurions fort discrètes pourtant, nous interdisant tout épanchement, tout débordement intempestif. Ainsi exposées à la vue de nos voisins, et de la dame en particulier, nous évitions de jouer les provocatrices, réservant à l’intimité de notre chambre ou du salon — rideaux soigneusement clos ! — nos ébats amoureux.

La dame du premier était, à cet égard, la mieux lotie ! Elle bénéficiait en effet d’un angle de vue tel que, de son balcon, elle pouvait plonger son regard directement dans notre salle de séjour dont lui était alors révélée une grande partie, du moins lorsque les rideaux étaient ouverts.

 o o O o o

 Le soleil semblait redoubler d’ardeur et ma peau, toute couverte de petites perles de transpiration, était à nouveau brûlante. Je n’allais plus pouvoir tenir bien longtemps !

Je me mis à regretter l’absence de Caro’, retenue bien loin en raison de ses activités professionnelles qui nous mangeaient bien trop souvent week-ends ou jours de congé. Ah, si elle avait été là !… Je me laissai aller à imaginer sa main posée sur la mienne, discrètement. Puis le doux regard que nous échangerions en cet instant même, la montée du désir que nous aurions lu dans nos prunelles déjà avides. Le léger frémissement complice qui nous aurait fait nous lever et nous diriger, sans un mot, vers le salon où, après avoir rapidement tiré les rideaux, nous nous serions abandonnées dans les bras l’une de l’autre. Je sentais presque la douceur humide et brûlante de ses lèvres écrasant les miennes, sa langue dans ma bouche, nos  mains parcourant nos corps enfiévrés… Ouh ! Je sentis s’éveiller le doux pétillement du plaisir dans mon ventre. Il allait falloir que je me calme : je commençais à m’exciter pour de bon.


J’entrouvris les yeux et jetai un bref regard vers la petite table sur laquelle étaient posés verre et bouteille. Vides ! Plus une goutte de jus de pamplemousse. Bon ! je m’accordai encore deux minutes avant de rentrer me mettre au frais. Le temps de penser encore un peu à Caro’… à ses mains sur mon corps, me parcourant toute, griffant mes cuisses de ses ongles acérés, pétrissant mes seins déjà implorants, me léchant…

Tiens ! et si… était-‘elle’ à son balcon ? J’entrouvris une paupière prudente afin de m’en assurer. Bingo !… ‘Elle ’ était bien là, trônant au milieu de ses géraniums reconnaissants de ses bons soins. Me croyant assoupie, elle n’essayait même pas de se donner une quelconque contenance, et à travers le filtre de mes cils, je voyais bien qu’elle me ‘matait’ tout bonnement.

J’en conçus une certaine fierté. Bâtie comme elle l’était, cette belle femme ne devait pas rencontrer de difficultés à se trouver un amant, voire une maîtresse. Je me posai d’ailleurs la question de savoir si nous n’avions pas affaire à une pure lesbienne. La manière dont elle me regardait laissait peu de doutes sur la question. À moins qu’il ne s’agisse d’une de ces nombreuses hétéros soudainement très envieuses de tenter l’expérience qui consiste à ‘faire l’amour, une fois en passant — une seule fois, bien entendu ! — avec une femme’.

Passablement excitée par la brève évocation que je venais de faire de mon amie Caroline, je décidai, sur un coup de tête, d’épater quelque peu notre voyeuse.

Faisant semblant que j’étais en effet assoupie, je commençai par m’étirer de tout mon long, comme au réveil, prenant bien soin de faire durer, me cambrant au maximum, bombant le torse et creusant le bassin, les coudes relevés, poings aux oreilles. Comme par inadvertance, j’écartai les cuisses.

Vu sa taille, mon bikini ne dissimulait pas grand-chose, et je m’amusai à imaginer la réaction de la dame.

Me relâchant, j’entrouvris à nouveau les paupières et je faillis éclater de rire en constatant le trouble, bien tangible, de notre voyeuse : hébétée, la bouche ouverte comme sur un ‘oh’ suspendu et figé, les yeux écarquillés, elle serrait les cuisses comme prise d’une envie irrépressible d’uriner.

Faisant mine de l’ignorer, je me redressai vivement et pénétrai dans le salon tout baigné de soleil. Je pris bien garde de laisser les rideaux ouverts, sachant que la dame pourrait ainsi poursuivre tranquillement son observation.

Elle voulait voir ?… Elle allait voir !

 o o O o o

 Je commençai par me retirer quelques instants à la cuisine pour aller vider un grand verre de jus de pamplemousse, j’en avais besoin.

Lorsque je revins dans le salon, elle était toujours là, prisonnière de sa curiosité lubrique.

Je m’allongeai sur le divan et me mis presque aussitôt à me caresser. La chose me fut d’autant plus aisée que pétillait encore en mon ventre l’excitation que j’avais si bien amorcée en évoquant ma tendre Caro’.

Le divan était disposé de telle sorte que, de là où elle se trouvait, la dame ne devait rien perdre de mes mouvements : j’étais face à elle, pile dans l’axe.


Après m’être débarrassée de mon bikini, je me mis à parcourir tout mon corps avec une lenteur calculée, ondoyant, me tortillant, sans avoir à feindre, tant l’excitation me gagnait, alimentée aussi bien par les souvenirs des récentes caresses de ma Caro’ que par le regard de la dame que je devinais rivé à mes formes.

Les cuisses à présent bien écartées, je posai les mains, disposées en serres d’oiseau, sur mes genoux, et remontai vers ma vulve en me griffant la chair. Je frissonnai de plaisir. Je me mis ensuite à me pétrir les seins en grands mouvements tournants, puis à m’étirer les bouts en geignant ; mon bassin amorça sa danse lascive.

Je revins à ma vulve et, m’emparant de mes lèvres, je les étirai en les écartant pour bien exhiber mon entrée rose, déjà toute perlée, à la dame là en face qui… au fait, c’est vrai, où en-était-elle ? Je l’avais presque oubliée, tant le plaisir s’était emparé de mon esprit.

Je faillis crier de surprise au vu des deux gros cercles noirs qui masquaient les yeux de la dame. Elle m’observait à la jumelle cette salope ! Sans vergogne et… oh, non ! mais… je rêve ! elle tient sa paire de jumelles d’une seule main, l’autre étant occupée à je ne sais quoi, masquée par les géraniums.

Je suis sûre qu’elle me fixe le minou. Oh et puis zut !… qu’elle en profite, tiens ! Oh, mais c’est que ça m’excite, cette situation !

Attends, ma cocotte, je vais te faire voir quelque chose ! Je me levai d’un petit bond, disparus dans la cuisine et en revins quelques instants plus tard munie d’un gros cube de glace encore fumant et qui me collait un peu aux doigts. Je m’étendis à nouveau sur le divan et entrepris de me passer le cube sur les lèvres. Se forma aussitôt un petit filet d’eau glacée que je laissai descendre le long de mon cou, ce qui me procura une délicieuse sensation de fraîcheur. Me cambrant alors, je me mis à promener le glaçon fondant sur les pointes de mes seins qui réagirent en se dressant davantage encore, galvanisés par le froid. Je promenai ensuite le glaçon sur ma poitrine qui frissonna de plaisir et qui se mit à répandre ce délectable fourmillement que j’apprécie tant.

Observant toujours les réactions de ma voisine, je laissai ensuite descendre ce qui restait du glaçon vers mon nombril où il s’attarda un peu, puis sur ma vulve que je me mis à parcourir en un geste ample et ralenti. Je titillai l’entrée de mon vagin qui se contracta sous la délicieuse agression du froid.
Allez, viens ma cochonne, reluque-moi bien, contemple mon minou baveux, regarde-le bien ce sexe qui ruisselle, qui va bientôt… Lui offrirais-je le spectacle d’un orgasme ? Je… à vrai dire… je ne crois pas que j’aie encore le choix ! Ooooh, mmmh, que c’est bon… je suis au palier, là, je… regarde bien, remplis-toi les mirettes, tu va voir comment je…

Délaissant le glaçon qui, réduit à une larme mourante et tiède, acheva sa course sur le haut de ma cuisse, j’entrepris de me masturber résolument, écartant les cuisses à l’équerre, me pétrissant un sein et me labourant l’entrée du vagin au moyen de deux, puis de trois doigts. Le plaisir montait, en vagues successives, me faisant bourdonner les tempes. Le souffle court, les joues en feu, je me contenais à grand peine : mon bassin tressautait de plus en plus fort, ma tête roulait de droite à gauche, je ne pus réprimer de petits gémissements de plaisir, la vague montait, s’élargissant, je m’affolai.

Oooh !… oooh !… que c’est bon ! Je me laissai revenir un peu, différant l’orgasme qui s’annonçait majeur. Je savourai la plénitude de mon plaisir qui sembla rouler au fond de moi un long moment pour repartir de plus belle. Je me mis à applaudir des cuisses, excitée comme une puce. Le divan couinait comiquement, mes petits jappements lui faisant écho, je n’allais plus tenir bien longtemps !

Retirant soudain mes doigts de mon antre ruisselant, je les portai à ma bouche et, fixant résolument ma voisine qui devait me voir en gros plan, je suçai lentement et longuement mes doigts poisseux, me délectant du goût de mon jus, achevant ainsi de m’affoler sous son regard qui contribuait largement à mon excitation.

Répondant enfin à l’appel impérieux de mon sexe enflammé, je tapotai mon mont de Vénus, titillai un moment mon clitoris qui me sembla émettre des ondes électriques qui se répandaient dans tout mon corps ; puis, n’y tenant plus, je replongeai quatre doigts dans mon vagin et me mis à me laminer sauvagement. Quelques spasmes m’ébranlèrent aussitôt ; je me laissai aller enfin et l’orgasme survint presque immédiatement, ravageur, engloutissant, délicieux.

Je mis quelques instants pour revenir à la réalité, pour calmer les battements de mon cœur, pour laisser se disperser les milliers d’étoiles filantes, pour reprendre une respiration normale…

Je jetai un rapide regard vers l’extérieur : sur le balcon d’en face, les géraniums semblaient ravis, rouges de plaisir, on en jurerait. Mais la dame avait disparu.

Tiens !… elle a tiré ses rideaux !

Lundi 11 septembre 2006. 

3 commentaires:

Ophélie Conan a dit…

Une histoire qui me plaît. Merci Romy. Je t'embrasse,
Ophélie

Anonyme a dit…

C'est vrai que Bilitis était une grande écrivaine.
Elle faisait vivre l'action pleinement.
Je regrette une chose, c'est de n'avoir pas lu,
cette exhibition lors de la canicule de Juin et Juillet dernier.
Ca aurait eu encore plus d'effet.
J'ai aussi hâte de voir ta version des choses, Romane.
Merci pour ce partage.
Bise.

Romane BONY a dit…

Je vais publier mon point de vue sur l'histoire